Tensions Kinshasa-Kigali : pas d’évolution majeure après le sommet du Burundi
Réunis le samedi 4 février, à Bujumbura, pour discuter de la situation sécuritaire dans l’Est de la RDC, les dirigeants des pays de la Communauté des États d’Afrique de l’Est (EAC) ont appelé à un « cessez-le-feu immédiat de toutes les parties » et à un retrait de tous les groupes armés, « y compris les étrangers ». Ils ont aussi appelé la RDC à faciliter le déploiement des contingents sus-soudanais et ougandais pour renforcer la Force régionale dans l’Est de la RDC.
Des résolutions ternes quand on sait que les rebelles du M23, appelés à se retirer des zones conquises par la feuille de route de Luanda, ont plutôt étendu leur sphère d’influence jusqu’à Kitshanga, dans le territoire de Masisi, au Nord-Kivu. A Bujumbura, d’après certaines sources, les échanges n’ont pas été si simples. Kinshasa attendait au minimum la confirmation d’un mandat plus offensif pour la Force régionale de l’EAC déployée au Nord-Kivu, Paul Kagame, quant à lui, insistait pour que cette force s’attaque aussi aux FDLR et autres milices. Ce qui a conduit à aucun consensus sur ce point.
Cela, à tel point que Félix Tshisekedi a décidé de parler directement au commandant de la Force régionale, le général kenyan, Jeff Nyagah, à la fin du huis clos avec ses homologues de l’EAC. Et ce, devant son commandant suprême, le président William Ruto. « Ne faites pas favoriser le M23 », lance Tshisekedi au général kenyan. Et de poursuivre : « ce serait dommage que la population s’en prenne à vous. Vous êtes venus pour nous aider et non pour avoir des problèmes. Soyez attentifs à cela, communiquez avec la population ».
L’issue de la résolution de cette crise par l’EAC semble encore être loin. Et voir également cette force régionale passer à l’offensive contre le M23 parait improbable, au regard de l’influence du Rwanda dans cette organisation. Pour preuve, pendant que les rebelles du M23 s’emparaient des nouvelles localités à Masisi, la Force régionale, elle, s’occupait totalement à faire autre chose. Certains éléments du contingent kényan s’évertuaient à réparer une vanne d’eau à Rumangabo ainsi qu’un générateur dans le village de Biruma, dans le Rutshuru. Une situation qui a exaspéré les populations civiles au point de conduire à des manifestations réprimées récemment à Goma contre cette Force régionale.